« Do you cover buy ? »

Ces livres que j’ai choisis pour leur beauté extérieure

Ok, cet article est un peu spécial.
Je me suis rendu compte, en écrivant sur L’intelligence du bonheur (lien vers l’article ici), qu’il y avait un nombre croissant de livres que je choisissais pour leur couverture et je me suis demandé si je devais en avoir honte (question essentielle chez moi, vous pourrez le remarquer – je rejette la faute sur 5 ans d’études de Lettres et un fâcheux mépris pour la littérature dite populaire distillé par les professeurs que j’adorais).

« Don’t judge a book by its cover » dit le proverbe. 
Mais force est de constater que c’est devenu complètement faux en matière d’édition (à quelques exceptions près, bien entendu) : il existe de véritables codes (de plus en plus mis à profit par les maisons d’édition) pour que le lecteur potentiel s’y retrouve et sache à peu près à quoi s’attendre quand il achète tel ou tel livre.  
NB : Quand on parle de code, on parle couleurs, graphisme, format… Mais aussi titre et synopsis/pitch/résumé (à chacun de choisir le terme qu’il préfère). 

J’ai donc décidé de faire un tout petit inventaire de ces livres que j’ai lus (et/ou achetés) parce que leur couverture m’avait plu, pour y voir un peu plus clair et surtout, essayer de tirer une leçon : est-ce que, quand je choisis un livre parce que je trouve sa couverture sublime ou parce que le pitch est accrocheur, j’aime le livre derrière ? Est-ce que les codes utilisés fonctionnent ? Ces codes sont-ils toujours utilisés à bon escient ?

  1. Silence, de Erling Kagge

J’ai écrit un article entier sur Silence, c’était mon premier véritable article de blog (lien ici). J’avais acheté ce livre en Angleterre, dans une très jolie librairie indépendante dont je n’ai malheureusement pas gardé de photos.
Ce que la couverture de ce livre me disait, c’était que j’avais affaire à un livre méditatif, qui allait parler de nature, de silence (j’enfonce des portes ouvertes) et dont l’écriture serait vraisemblablement sobre (il était clair qu’on n’était pas dans le registre comique). La promesse était tenue. J’ai bien évidemment été attirée par tout ça, mais aussi par la beauté de l’objet : on ne le voit pas sur la photo mais la couverture est rigide avec des dessins et lettres dorés en relief, l’ouvrage est relié, un véritable objet.
Mais tout ça ne suffisait pas vraiment : c’est la 4e de couverture qui m’avait alors convaincue, en particulier la description du parcours de l’auteur.

« Qu’est-ce que le silence ?
Où peut-on le trouver ?
Pourquoi est-il, aujourd’hui, plus important que jamais ?
L’explorateur norvégien Erling Kagge a parcouru l’Antarctique en solo pendant 50 jours, sa radio cassée.
Dans ce livre charmant et qui change doucement la vie (qui est devenu un phénomène international du monde de l’édition) il nous emmène pour un voyage dont le but est de mettre au jour le pouvoir du silence. Et il nous montre comment trouver le silence parfait dans nos vies quotidiennes, aussi occupés que l’on soit. »

2. Supernormal, de Robert Mayer

J’avais extrait Supernormal d’une pile de livres de poche à donner.
Pourquoi lui ? Parce que sa couverture était différente. Différente de ce que j’ai l’habitude de voir et différente de ce que j’ai l’habitude de lire. Comme pour Silence, c’est la 4e de couverture qui m’avait convaincue.

J’avais été séduite par la trajectoire du héros que le pitch promettait, cette situation qui fait très sérieusement penser aux Indestructibles (le film d’animation). La promesse, c’était un peu Philip Roth version Marvel, le tout contextualisé dans une période très particulière (et tentante) de l’Histoire des Etats-Unis.
En plus, on avait cet argument coup de poing qui m’a déjà convaincue à deux reprises avec Fiona Barton (La Veuve et La Coupure) : l’auteur est/était journaliste. Ça peut sembler étonnant mais je fais toujours confiance aux journalistes anglo-saxons quand ils se plongent dans la fiction. Il y a toujours ce je ne sais quoi que les autres n’ont pas, cette façon très particulière de tout entrelacer, de se servir de l’Histoire, de la sociologie, pour construire un univers réaliste crédible et passionnant.
En ce qui concerne ce livre (sur lequel je n’ai pas écrit ici), mon avis final avait été plus mitigé que l’idée que je m’en étais faite a priori. J’avais regretté des longueurs superflues et une fin un peu bizarre… Mais la promesse était tenue à 80%.

3. Where’d you go, Bernadette ? de Maria Semple

Corsica

Même chose que pour Silence : livre acheté en Angleterre, mais coup de foudre absolu pour la couverture, démente. Je n’inclus pas la 4e de couverture, parce que je ne crois même pas l’avoir lue avant de passer à la caisse. Ce qui ne m’arrive jamais.
Et ce qui est étonnant, c’est que ce livre, je l’ai autant aimé (peut-être même plus – ce qui n’est pas peu dire) que sa couverture.
Je n’avais rien lu à son sujet, je n’en avais jamais entendu parler et je ne savais donc pas qu’il existait déjà une traduction française (lien Amazon ici). Je le précise parce que j’ai ressenti le même amour pour Eleanor Oliphant va très bien, mais c’était alors Instagram et la nuée de posts au sujet de ce roman qui m’avaient poussée à l’acheter.
La promesse de la couverture, pop, délirante et jouissive, était totalement tenue par le texte porté par la fille adolescente de Bernadette (ce qui explique le côté juvénile de la couverture).

4. Entre deux mondes, de Olivier Norek

Typiquement, voici le contre-exemple à tout ce que je viens d’écrire.
Ce livre, je l’ai mis de côté en dépit de sa couverture. Les lettres rouges, ce fond bizarre de verre mouillé aux teintes bleu, blanc, rouge… Tout annonçait (pour moi) un mauvais roman penchant vers l’horreur.
Je trouve toujours qu’il y a quelque chose de cheap, d’un peu ringard et de pas excitant dans ce graphisme.
La 4e de couverture, quant à elle, ne présente aucun intérêt puisqu’elle ne comporte pas de pitch, juste une phrase : « Adam a découvert en France un endroit où l’on peut tuer sans conséquences », suivie de 3 avis de média. Pour être honnête je ne sais absolument pas pourquoi je l’ai sorti de la pile. Et pourtant, le texte n’a rien à voir avec tout ça et il est même franchement bon.
On apprend par ailleurs, quand on ouvre le livre, que l’auteur est lieutenant de police à la section Enquête et Recherche du SDPJ 93 depuis 15 ans. Pourquoi ne pas avoir fait figurer cette information en 4e de couverture, mystère.